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Relance du train de nuit Paris-Nice avec Jean Castex à bord

Parti de la gare d'Austerlitz la veille, le Premier ministre Jean Castex a inauguré cette première liaison du nouveau train de nuit Paris-Nice, en arrivant dans la métropole de la Côte d'Azur à bord du train ce 21 mai au matin. Relancé après trois ans d'arrêt, ce retour du train de nuit pourrait être le premier d'une longue série, a indiqué le gouvernement vendredi.

"Quand j'étais jeune, j'étais un habitué des trains couchette… Là, ma nuit n'a pas été assez complète", a lancé Jean Castex ce 21 mai au matin, en descendant du train Paris-Nice, accueilli par le maire de la ville Christian Estrosi, avec qui il a pris ensuite un café en terrasse, sur le célèbre cours Saleya, avant de repartir pour la Drôme.
Sur le parvis, face à une délégation intersyndicale CGT, CFDT et Sud, le Premier ministre a mis en avant les 6,4 milliards d'euros investis par l'Etat, tous secteurs confondus, dans le ferroviaire. "On est content que ce train (de nuit) soit remis en route, sous sa forme de service public", a salué le responsable CGT Paca, François Tejedor. Il a demandé à Jean Castex d'intervenir pour que des négociations s'ouvrent "véritablement" sur la question de l'ouverture à la concurrence des trains prévue en Provence-Alpes-Côte d'Azur. 
"Vous avez face à vous un Premier ministre qui doit exécuter la transition écologique, et le ferroviaire y a toute sa place", a répondu le Premier ministre. "Il faut que tout le monde s'y mette, il faut des effort de productivité", a poursuivi Jean Castex, notamment pour garantir la "relance du fret ferroviaire". Christian Estrosi a, lui, mis en avant la livraison d'ici "un an" de la gare multimodale de Nice, connectant l'aéroport, le train et le tram.

"Concrétisation du plan de relance"  

Avec cette échappée nocturne de 1.088 km dans son agenda, le Premier ministre a voulu mettre en lumière une "concrétisation rapide du plan de relance" français, qui consacre 5,3 milliards au secteur ferroviaire, dont 100 millions pour les trains de nuit, bien moins polluants que l'avion, et connectant des petites gares. 
"C'est une part de notre histoire, c'est un rapport avec le territoire extraordinaire", s'est exclamé le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou à l'arrivée. "C'est aussi un lieu propice à la discussion, et il y a une sensibilité forte sur les sujets écologiques, portée par les jeunes générations (...) Ça ouvre de très belles perspectives".
L'Intercités Paris-Nice, dont l'exploitation avait cessé en décembre 2017 faute de soutien public, reliera toutes les nuits, et dans les deux sens, Paris-Austerlitz et Nice-Ville, avec six arrêts, dont Marseille, Toulon et Cannes. Le gouvernement veut aussi relancer le Paris-Tarbes et un Paris-Munich-Vienne de nuit à la fin de l'année.

"Une dizaine de trains de nuit en 2030"

"Le Paris-Nice n'est que le début", a tweeté vendredi le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari. "Mon objectif : une dizaine de trains de nuit en 2030". Il n'y avait plus - hors arrêts liés à la pandémie ou à des travaux - que deux lignes de trains de nuit en France, de Paris à Briançon, et de Paris à Rodez, Cerbère et Latour-de-Carol (Pyrénées-Orientales). En juillet 2020, Emmanuel Macron avait provoqué la surprise en annonçant "une politique de promotion et de redynamisation des trains de nuit". Les voitures des lignes rescapées doivent ainsi être entièrement rénovées d'ici à 2023.
Prévu par la loi d'orientation des mobilités (LOM), un rapport sur "le développement de nouvelles lignes de trains d'équilibre du territoire" (TET), qui avait été dévoilé en début de semaine par le média spécialisé Mobiliettre a été transmis au Parlement. Ce document étudie 20 lignes nationales (radiales et transversales) et 5 lignes internationales. Il va débattre des trajets Bordeaux-Paris, Metz-Lyon-Barcelone, Quimper-Genève, ou Paris-Hambourg (Allemagne)-Malmö (Suède), a indiqué le ministre. Selon ce rapport gouvernemental, "le report modal vers le train de nuit permet de diminuer de 95% les émissions de CO2" liées aux déplacements des voyageurs qui se reporteraient de la voiture ou de l'avion vers le train.  Le modèle économique de ces lignes, ainsi que sa viabilité financière, "devront faire l'objet d'approfondissements", préviennent toutefois ses auteurs. Mais il apparait déjà que les longues lignes internationales ont du "potentiel". "L’exemple des chemins de fer autrichiens (ÖBB) a été finement analysé afin de proposer des modalités d’exploitation repensées et soutenables économiquement", indique ainsi le ministère des Transports dans un communiqué.

Trois nouvelles lignes potentielles pour les trains de jour

Pour les trains de jour, le rapport vise à "apprécier quelles adaptations du réseau seraient opportunes, sans remettre en cause l’équilibre issu des accords de reprise d’anciennes lignes de TET par les régions", note le ministère. Trois nouvelles lignes potentielles ont ainsi été identifiées : Metz-Lyon-Grenoble, Toulouse-Lyon et Nantes-Rouen-Lille. "Des études complémentaires seront nécessaires pour en définir précisément la faisabilité technico-économique", ajoute-t-il.
"Le rapport souligne l’intérêt de nouvelles lignes de trains longue distance, afin d’améliorer l’accessibilité des métropoles et des villes moyennes, estime Jean-Baptiste Djebbari cité dans le communiqué. Je souhaite que la transmission de cette étude au Parlement soit l’occasion d’un large débat sur la manière de redynamiser et réenchanter ces trains." 
"Nous accueillons positivement les conclusions de ce rapport qui fait la démonstration qu’il existe un véritable potentiel de développement du train en France au-delà des seules lignes à grandes vitesses, a réagi dans un communiqué ce 20 mai Valentin Desfontaines du Réseau Action Climat. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement et des Parlementaires pour mettre en œuvre ces recommandations. Jusqu’à maintenant le train à fait figure de grand absent du projet de loi Climat et Résilience, il est encore possible de rectifier ça."